Les Fatima, Oiseaux de Liberté

Strasbourg, 6 novembre 2022

Nuée d’oiseaux de la Liberté
A la conquête de leur droit
De leur terre
Elles se sont soulevées de leurs branches, envolées au loin
De tous leurs arbres
De Leurs foyers
De Leurs champs et de leurs universités
L’appel de leur Souverain déclencha leur migration
Comme un tsunami humain
Que rien n’arrête
Pacifistes
Armées d’un simple livre et d’un bout de tissu
Armées d’un Coran et de leur drapeau
Quand l’objet respire le symbole
Indestructibles
Inviolables
Intouchables par l’impur
Armées par la vérité et le droit
Nuée d’oiseaux de la Liberté
Les femmes sèment pour que leurs enfants récoltent
Cette décolonisation inachevée
Si Dieu ne joue pas aux dés comme le disait Einstein
Alors le Roi ne joue pas au poker comme l’écriront certains
Non, les Rois sont des stratèges
Il joue au AlShahranj
Ce qu’on appelle les Échecs en occident, où même le jeu porte le nom de la défaite.
Dans la langue de mes ancêtres
Il porte le nom de l’Excellence
Le Sheikh !
Alors voilà Hassan II qui fait son appel, qui ouvre la partie
A ses tours, à ses cavaliers
A son peuple tout entier
Et quand un peuple se soulève
Unilatéralement
D’une seule voix
Pacifiste et pour la justice
Pour la Voix qu’il désire
Ce n’est plus une révolution
C’est un séisme
Un cataclysme d’humanité
Qui soulève la terre et déplace les frontières
C’est ce qu’ils ont fait
Pour leurs droits
Pour la reconnaissance
La dignité
Rappeler au monde qu’ils existent
Soutenant ce Roi qui a son rôle et prenant conscience que le peuple a le sien
Car le Roi connaît son peuple comme un père ses enfants
Qui ont leurs secrets
Oui, mais le père s’assoit en bout de table
Une famille qui se respecte mange ainsi
Alors toutes ces âmes
Ces hommes et ces femmes se sont envolés
Nuée d’oiseaux de la Liberté
Dans cette Marche Verte
A travers les champs et les déserts
Les routes escarpées et les chemins montagneux
A pieds, en carrioles ou en camions
En train
Convois pour la Voix
Leur destin
Le vôtre
Le mien
Et dans ce méandre sanguin qui traverse le corps du Maroc
Ces filigranes se sont mués en masse
D’humanité
De chair et de sang qui les constituent
De cette terre qui est la leur
Celle où ils vivent
Celle où ils seront enterrés
Comme l’a été mon père
Et son père avant lui
Celle qui m’accueillera un jour
Quand Allah l’aura décidé
La Marche Verte n’a pas été un trek dominical
Mais une manifestation de notre droit à la reconnaissance
Une rendez-vous historique que nos mères et nos sœurs n’ont pas raté
Armées du Coran et de leur drapeau
Elles me transmettent
A moi, Amal Houdaf
Fille de Bel’Aïd Houdaf fils de Bou Jumuâ, la fierté de me dire
marocaine
Je le revendique
Comme ces femmes anonymes dans ce train
Que j’ai peintes pour les remercier
Pour ne pas oublier
Pour continuer à les entendre
Crier et chanter leurs droits
De prendre part
D’être là
Légitimes
Dans leur féminité
Dans leurs revendications
D’imposer et d’exiger
Devant la terre entière
Pour ce bout de désert
Leur droit
Mon droit
D’exister.

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