Amsterdam, avril 2022
Virilité et sensibilité
Voilà deux termes qui me parlent
Moi, qui serais du sexe faible
Moi, qui aie donné la vie
Dans une bourrasque de douleurs
Dans les cris, ceux de mon enfant
Des miens
Nous, le sexe faible
Sans droit
Ne dit-on pas les droits de l’homme, qui résumerait l’ensemble des humains
Des genres
Après tout, nous serions là par une côtelette d’Adam
Une grillade en somme, un amusement
Un plaisir
Mais tout ceci n’est qu’allégorie
La femme n’est pas à l’homme
Ni l’inverse
Chacun s’appartient à soi-même
Différents et égaux
En droit et en désir
A mon âge, je me suis réconciliée avec ma nature, mon essence
Celle d’un être qui ne sait pas toujours ce qu’elle veut, c’est vrai
Mais convaincue de ce qu’elle ne veut plus
Et j’aime cette idée de l’homme
Viril et sensible
Celui qui a saigné et pleuré
Le conquérant et le perdant
L’homme est ses paradoxes
Celui qui sait douter
Celui qui sait s’aveugler devant ses certitudes, pour ses convictions
Pour les siens
Pour les autres
J’aime cette idée de l’homme qui ne fléchit pas devant l’adversité
Et qui sait mettre le genou à terre par amour
J’ai plus de deux fois vingt ans
Comme dans cette chanson de Dalida
Vibrer et respirer avec l’homme
Celui aux rides tracées en balafre
Celui aux cernes et aux regards ombrés
En clair-obscur
Comme ces puits si profonds
Qui ne brillent pas
Juste une étincelle dans le noir
Au fond
Si profond qu’aucune corde assez longue ni déposerait son seau
Pourtant il y en a
De l’eau
De la vie
J’aime les hommes que l’histoire n’a pas castrés
Ceux qui racontent leur histoire sans avoir à en parler
La vérité ne ment jamais.