« Elle jouait de la basse
Timidement, apprentie ensorcelante
Électrique, éclectique qu’elle est
Elle, qui était une prof donnant des cours de langage
D’expression
Elle n’avait qu’un pas à faire
Pour apprendre la musique
Attentive et curieuse
L’art de l’apprentissage, avant de le partager, provient de celui
De savoir assimiler soi-même
Se l’approprier
Un minimum de discipline et un maximum d’humilité
Elle jouait de la basse
Dans des petits concerts improvisés
Dans son intimité
Et un jour,
Elle, la femme haute en couleur
Avide de comprendre
De découverte, concevant les arts comme des montagnes à gravir
Elle et ses couleurs ont pris les pinceaux, et même ses doigts
Sur une toile
A tâtons, pas à pas
Explorant ce monde de la peinture qui n’attendait qu’elle
Porte ouverte dans le monde des merveilles
Posant des questions
Sans repos devant ses créations
Expérimentations des matières
Des sujets et des formats
Toujours plus pour toujours plus loin
En elle
Etudiant la vie des maîtres
Attentive aux travaux des autres
Critique et subjuguée
On s’inspire pour se risquer soi-même
Aux Echecs et aux Bonheur des Dames
Chez elle, pas d’enjeux ni du gaspillage, juste de la générosité
Et du partage
Je l’ai observée se casser la figure
Se planter royalement
Elle a arrosé et pris soin de sa terre, pour que ça pousse
Positionnée
Car pierre qui roule n’amasse pas mousse
Alignée
Elle s’est réveillée, oh !!
Pardon pour le lapsus
Je voulais dire, révélée
Elle a fini par prendre son envol
Désormais détachée
Avec ce plaisir de l’expression
De l’expérience
D’avoir découvert le parfum de ses sens
Après avoir acquis les techniques
Nous devenons des techniciens
De surface ou d’interface
De menuiserie ou de menu du jour
De la peinture en bâtiment à celle qui s’expose dans les musées
La muse n’est pas à conquérir
Ce n’est pas une guerre de territoire
Où l’on impose ses croyances
Non, la muse, l’art, se séduit par la paix
Elle, elle a su dépassé la technique
Ce qu’on appelle aussi
L’artisanat, le savoir-faire
Pour le savoir-être
Puisque l’artiste demeure l’apanage de l’expression, de l’identité
Avec le temps, le travail
L’honnêteté devant son œuvre
Elle a appris
Découvert
Cartographié
Son âme et ses aspirations
Dompté sa force sans brider ses faiblesses
Ses atouts
Tous ce qui font d’elle un être entier
Avec cette maîtrise du langage
De ses couleurs
Elle a vécu une renaissance
Pas celle de la chair, trop facile
Certains insectes le font aussi
Mais celle de son âme
Plus complexe car plus troublante, plus éprouvante
Déstabilisante
Jusqu’à retrouver l’équilibre
Celui de la découverte de son monde
Son propre monde
Celui d’être devenue une artiste
Non pas « à part entière »
Juste « entière »